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aller au contenu bully pulpit politique, culture et sciences sociales en amérique menu et widgets entretiens mais pourquoi ? politique geopolitique coast to coast économie culture cinema book club musique pogu facebook twitter vimeo amis et partenaires calenda du dessin à la scène : le cas little nemo populisme et religion à l'heure de l'amérique gloria anzandúa : translating b/borders 2019 charles c. eldredge prize regards mexicains sur la france et les états-unis (1821-1950) david samuels : « l’amérique continue de produire des générations de rêveurs » « seul l’amour peut te briser le cœur » de david samuels est un recueil de « reportages littéraires » couvrant la fin des années 1990 jusqu’à l’élection de trump. dans cet entretien publié par le nouveau magazine littéraire le 18 octobre 2018, son auteur insiste sur l’importance de la « narrative non-fiction » dans la littérature américaine. david samuels excelle dans l’observation minutieuse des marginaux comme des vieilles légendes du rock, des présidents, des rêveurs, des hommes aux jeux de paris ou au labeur. il scrute cette ligne fuyante entre la promesse américaine de réinvention permanente et l’imposture. le « reportage littéraire » est son terrain de prédilection. à 51 ans, il a écrit pour les grands magazines américains harper’s magazine , the new yorker , the atlantic , n+1,… son premier livre, mentir à perdre haleine (éditions du sous-sol, 2015) s’intéressait au caméléon james hogue, arnaqueur et coureur de fonds. la couverture de seul l’amour peut te briser le cœur rend hommage au white album de joan didion (1979). le livre rassemble ses articles sur les essais nucléaires dans le nevada, les courses de lévriers, obama, une famille de dynamiteurs, le producteur de rap prince paul, un français roi des paparazzis ou la propagande du pentagone sous donald rumsfeld. il est aujourd’hui éditeur littéraire du magazine consacré à la culture et l’actualité juive tablet . les magazines ont permis l’émergence de la « narrative non-fiction ». ce genre littéraire a-t-il un avenir ? david samuels : oui, c’est pour ça que je suis devenu optimiste. c’est le genre américain, celui que nous avons inventé. c’est l’origine de la littérature américaine. tous les grands auteurs américains ont commencé par ce type de journalisme, que ce soit herman melville, walt whitman ou ernest hemingway. depuis les débuts, ce genre répond à un ensemble de questions très américaines : qui sommes-nous ? où allons-nous ? que se passe-t-il en californie ? qu’est-ce que les gens y font ? un reporter parcourt le monde et décrit ce qu’il voit. et ce qu’il voit reflète l’identité de l’auteur et qui nous sommes en tant que lecteurs. aussi longtemps qu’il y aura des américains qui chercheront ces réponses qu’ils ne trouvent pas dans la presse, cette écriture restera importante. ce genre a pris la forme de nouvelles, de romans, de poèmes épiques, d’articles de magazines. les grandes séries télévisées comme the wire ( sur écoute) et les sopranos sont apparues alors que les magazines s’effondraient. les séries sont devenues dominantes, beaucoup de leurs créateurs viennent de là, c’est une une manière de continuer un reportage autrement. j’écris aussi une série télévisée sur deux frères, l’un reporter, l’autre missionnaire. cette série parlera de la crise politique et de cette nouvelle écologie de l’information. dans les dix prochaines années, nous allons assister à une vague de livres américains qui seront appelés « narrative non-fiction » ou « fiction » ou une autre appellation pour caractériser le nouveau système culturel. à l’avenir, certaines personnes ne considèreront peut-être pas l’amérique comme exceptionnelle ou fondamentalement différente dans son adn d’autres nations. ça sera une perte immense au niveau culturel. j’aime le produit de la sensibilité américaine, la littérature, le jazz, le rock’n roll. mais je ne pense pas que ce changement arrivera de sitôt. lire la suite sur le site du nouveau magazine littéraire : https://www.nouveau-magazine-litteraire.com/idees/david-samuels-amerique-continue-de-produire-des-generations-de-reveurs publié le 5 novembre 2018 auteur vincent dozol catégories book club , culture , entretiens mots-clés book , david samuels , entretien , etats unis , journalisme , llivre , narrative non fiction , neil young , nouveau journalisme , obama , only love can break your heart , politique , reportage littéraire , seul l'amour peut te briser le coeur laisser un commentaire sur david samuels : « l’amérique continue de produire des générations de rêveurs » le paris de henry miller la capitale a fait de lui un écrivain. il préfère le paris du peuple et des immigrés qui remue, vibre et encrasse, plutôt que celui des salons. « je suis resté terriblement américain, écrit-il en californie bien plus tard, et je suis bel et bien un fruit de cette terre. il se peut même que les fécondes années passées en france n’aient fait que contribuer à approfondir mon appartenance à l’amérique. mais je suis un américain qui exhibe son américanisme comme une plaie. » au petit matin, à l’heure où les cafés nettoient leurs glaces, un homme en costume en velours côtelé, coiffé d’un chapeau gris, marche sur le boulevard montparnasse. il approche la quarantaine, porte de grosses lunettes qui encadrent de petits yeux bleu vif. son allure est défraîchie, il se vante dans ses lettres d’être « dans une telle condition de mendigot » que dans la rue les gens se poussent du coude en le montrant du doigt. l’homme descend le boulevard raspail, saute la seine sur le pont royal, coupe les tuileries pour s’engager avenue de l’opéra. cet itinéraire prisé des expatriés est souvent appelé « la voie américaine ». il s’arrête en face du 11 rue scribe, son unique adresse fixe en cette année 1930. arrivé à paris le 4 mars, c’est l’un des premiers endroits où il s’est rendu. comme chaque matin, il est en avance. les guichets de l’american express sont encore fermés et attendent neuf heures. henry miller peut se rendre jusqu’à trois fois par jour à cette adresse, dans l’espoir de trouver un câble et de l’argent de june, son épouse restée à new york, celle qui l’a poussé à quitter son emploi à la western union telegraph pour vivre de sa plume. presque toujours bredouille, il retourne ensuite vers montparnasse, pour s’installer aux terrasses du dôme ou de la coupole et attendre qu’une connaissance ou un inconnu providentiel paie ses consommations de la journée. après le krach boursier de 1929, paris se vide de ses artistes exilés. beaucoup de familles américaines sont ruinées. « la génération perdue » s’est évaporée. miller choisit bien son heure. il ne se rend pas à shakespeare and co, dans les salons de haute couture, chez maxim’s ou dans les palaces de la côte d’azur. dans les bars de montparnasse, on tente de conserver la flamme des années folles. henry miller regrette de ne pas avoir passé sa vingtaine dans le montmartre d’avant la grande guerre, autour d’apollinaire, max jacob, picasso ou toulouse-lautrec. un piéton affamé il marche, marche sans relâche. « il n’y a presque pas de rue à paris que je n’aie connue. sur chacune d’elles, je pourrais mettre une plaque commémorant en lettres d’or quelque riche expérience nouvelle, quelque profonde réalisation, quelque moment d’illumination » ( souvenir, souvenirs, 1953). la rue fait son éducation. « j’avais les rues pour amies et les rues me parlaient le langage triste et amer de la misère humaine. » il mène une vie « en marge », avec rimbaud pour modèle. « dans toutes ses errances, il est toujours à pied, et presque toujours l’estomac vide », écrit-il. son quotidien est indigent : « il a fallu que je sois complètement fauché, désespéré, vivant comme un clochard dans les rues pour que je commence à voir et à aimer le vrai paris. je le découvrais en même temps que je me découvrais » ( entretiens de paris , 1970). paris s’apprécie encore plus quand la faim le tenaille : « c’est comme d’être empoigné par un